Résumé
Cet article analyse la condamnation des membres du comité directeur du Conseil Central Islamique Suisse pour violation de l’ancien article 2, alinéa 1, de la Loi fédérale interdisant les groupes « Al-Qaïda » et « État islamique », ainsi que les organisations apparentées. Par la production et la diffusion d’une interview avec le chef spirituel de l’organisation syrienne Jaysh al-Fath (trad. Armée de la Conquête), ainsi que d’un documentaire, ils ont sciemment diffusé de la propagande en faveur d’Al-Qaïda. L’objectif de cette contribution est d’illustrer de manière concrète le glissement vers un droit pénal à visée préventive qui s’est opéré dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, marqué par un renforcement des dispositifs à caractère préventif. Sont également abordées les tensions inhérentes à cette approche, notamment la proximité problématique entre les actes incriminés et les infractions effectivement commises par l’organisation interdite.